Une ferme devient un journal grâce au journal Des Moines Register

Le journal américain Des Moines register a bâti une ferme (en réalité virtuelle) pour accompagner toute une série d’articles sur l’agriculture qu’il a publiée mi septembre.

L’idée est de créer un famille fictive d’agriculteurs de l’Iowa et de montrer comment elle est affectée par l’évolution démographique et économique depuis son installation en 1888. Le projet s’appelle Harvest of changes (une moisson de changements) et se retrouve ur twitter avec le modièse #VirtualFarm. La réalité virtuelle n’est pas un gadget technologique (même si c’est une prouesse intéressante car elle utilise pleinement les capacités du casque virtuel Oculus racheté par Facebook il y a quelques semaines). Elle permet de plonger les faits journalistiques dans une atmosphère de jeu vidéo qui permet de se plonger dans le quotidien dont on parle. Noni de la  Pena, une ancienne journaliste de Newsweek qui devient une spécialiste de la réalité virtuelle pour l’information, parle de « journalisme immersif ». C’est un peu une nouvelle facette de la tendance des serious game  : utiliser les techniques du jeu pour informer et non plus uniquement pour divertir.

ici : le projet de la rédaction du Des Moines register (en anglais) avec une vidéo.

Ici : un article de Bloomberg bzsweek qui relate son expérience. (en anglais)

Les réseaux sociaux pour les éditeurs agricoles

En juin, j’ai tenu un atelier sur les réseaux sociaux pour les éditeurs de presse agricole, à l’occasion de leur congrès à Périgueux. Voici les diapos présentées durant cet atelier : elles se trouvent dans un pdf grâce au lien ci-dessous.  Bien sûr, pour les explications orales, il fallait être à Périgueux en IRL.

EY – PrésentationSNPAR

Une photo du twitter agricole début 2014

La FNSEA a organisé son deuxième twapéro (rencontre réelle et physique organisée sur twitter) sur son stand du salon de l’agriculture de Paris, fin février 2014. C’est l’occasion de rencontrer des acteurs de la sphère agricole sur twitter et de leur demander pourquoi et comment ils twittent. Ca permet de dresser un portrait de l’agriculture connectée qu’il sera intéressant de réitérer de temps en temps pour documenter son évolution.

Deux enseignements de ce petit film. Le premier, c’est (on est rassuré) la diversité des opérateurs. On y rencontre de tout, des communicants, des animateurs, des agriculteurs, des institutions, des journalistes, etc. Ce qui valide l’opération puisque, sur le réseau, c’est bien cette diversité qu’on retrouve.

Le second enseignement est tiré des réponses des intervenants. Globalement, ils cherchent tous le positionnement du curseur entre la publication et la conversation, les deux différentes opérations que permet le service twitter.  Les réponses diffèrent selon l’ancienneté de la présence sur le réseau, la stratégie et la liberté des organisations auxquelles appartiennent le cas échéant les individus, et enfin la personnalité du community manager (parce qu’on a beau être dans la matrice numérique, on n’en reste pas moins des êtres humains). Pour les dirigeants des entreprises (agricoles ou non), il semble bien, donc, que la réponse qu’ils doivent apporter maintenant est celle-ci : où décident-ils de placer ce curseur ?

Les agriculteurs sur les réseaux sociaux (à l’étranger)

Hors de France, les agriculteurs s’emparent des réseaux sociaux pour défendre leur métier. Le tour de la question avec Yvonig Le Mer, expert en community management en agriculture (agence Studio west).

Cet entretien, brut de décoffrage, fait partie d’une émission sur les réseaux sociaux en agriculture, qui sortira début avril sur la chaîne www.horizons-tv.fr.

Voir la vidéo sur Youtube

La vidéo du net va s’émanciper de la télé

J’annonce sans risque qu’en 2014 la vidéo sur le net va enfin s’émanciper de son modèle de la télévision.

Jusqu’à maintenant, on se disait bien qu’il fallait faire de la vidéo. Donc, on s’est tourné du côté des experts, c’est-à-dire les télévisions; tout en se disant qu’il fallait faire court et percutant. Du coup, on adopte le format classique : quatre-vingt dix secondes d’un plateau sur le terrain ou dans la rédaction.

Et puis aussi, on fait des génériques issus de la télévision. Ceux avec les lettres qui bougent en 3D.

Mais, le problème, c’est que tout ça, ce n’est pas adapté au net. Le plateau statique ne raconte pas une histoire percutante qui fixe l’internaute à son écran. Déjà qu’il a dû se farcir trente secondes de publicité obligatoire, alors, si dans les cinq secondes il n’a pas compris (avec les images et le son, pas uniquement avec le discours) qui fait quoi, où on est, quel est l’enjeu, quelle est l’action, alors il ne laisse pas une seconde chance à la vidéo. Quant aux lettres qui bougent en 3D, je vous laisse imaginer leur impact sur la largeur d’un écran de smartphone avec une vitesse de connexion moyenne. On croit impressionner mais on ne fait qu’agacer l’internaute.

En 2014, parmi les tendances dans le monde de la vidéo, ce seront :

– soit du très court :  six ou quinze secondes, c’est-à-dire un format adapté aux réseaux sociaux comme Vine et Instagram.

– soit du très long : on pense aux multiples webdocumentaires qui naissent mais, dans ce cas, la vidéo n’est pas un projet en soi mais seulement un moyen d’un projet de plus grande ampleur.

– des habillages spécifiques pour le web : plus simples et plus graphiques, et qui s’inscrivent dans la tendance du flat design née sur le net.

La médiation alimentaire sur les réseaux : le foodporn est un indicateur du changement

La tendance des réseaux sociaux, surtout au Japon et aux Etats-Unis mais l’Europe n’est pas en reste, à photographier et publier les plats qu’on mange ou qu’on cuisine porte un nom : le foodporn.

On veut dire par là qu’on les photographie comme on filme un porno, de près, mal éclairé, avec des gros plans qui réduisent la chair à des pixels, éloignant tout ce qui en fait la saveur c’est-à-dire la découverte, le mélange des sensations, la subtilité heureuse.  Comme la pratique se répand, on voit émerger des catégories : les photos de plats, les photos des gens en extase qui goûtent les les plats, etc. La subtilité n’est pas toujours la préoccupation principale des publications.

Je me suis toujours demandé pourquoi regarder un film porno pouvait, éventuellement, exciter un spectateur alors que  regarder La Grande bouffe (Marco Ferreri, 1973) ne donne jamais faim. Or ce film-là était le reflet d’un débat du moment : il entre en complète résonance avec le sommet de Rome qui, au même moment, concluait à l’excès de nourriture dans les pays occidentaux et au déséquilibre nutritif sur la planète. Le film n’était pas un manifeste politique mais il était la manifestation de l’air du temps.  Il a joué le rôle d’un médiateur de notre rapport à l’alimentation.

Alors que disent de nous en ce moment les photos de foodporn ?  Loin de les mépriser, il faut aussi les considérer comme un indice de l’air du temps, celui qui dit que, comme en 1973, nous sommes en train de changer notre regard sur l’alimentation, en par la même des producteurs agricoles. Pour aller où ?, je n’en sais rien ! mais je sais que ce qui peut sembler une habitude étrange est un signal de la transformation actuelle du monde.

Les paysans se mettent au selfie

Le journal agricole d’Irlande, le Farming journal, a lancé un concours qui reçoit un grand succès sur les réseaux sociaux : les agriculteurs devaient envoyer leur autoportrait pris avec un smartphone, ce qu’on appelle un selfie. Tout le monde fait ça : les stars people, Barak Obama, etc. Et, donc, les paysans. Vous pouvez écouter l’interview du gagnant sur le soundcloud de la BBC.

Le concours a eu un grand succès parmi le monde agricole français, au moins sur les réseaux sociaux. Ce qui n’était pas forcément parmi les buts initiaux des organisateurs du concours.

A la réflexion, voilà une bonne façon pour un média agricole de s’insérer dans sa communauté en utilisant tous les outils du multimédia mobile. Mais pour ça, il faut déjà que les dirigeants du média en question aient abandonné l’idée qu’ils sont les seuls gardiens de l’information. Dans ce cas, celle-ci provient des gens eux-mêmes et le journal joue un rôle d’organisateur.

Trois règles pour les éditeurs sur twitter

Trois règles vitales pour les éditeurs (agricoles ou autres) qui se lancent sur twitter.

1. Ne pas laisser faire un robot

C’est une impasse, l’idée qui consiste à imaginer un robot qui prend les titres des articles et qui les balancent tels quels sur twitter avec un lien. Le robot, lui, ne sait pas lire mais les followers, eux, le savent très bien. Du coup, ça ne connecte pas bien entre les deux. Un robot coupe la phrase au milieu et ne fait pas l’effort d’écriture concise avec un vocabulaire adapté, comme pourrait le faire un journaliste.

exemple local :

Le robot peut accoler le surtitre et le titre, répétant ainsi deux informations de contexte en se grillant la place pour l’information essentielle. Et tout ça, c’est pas génial.

Et, bien sûr, on peut citer les célèbres envois automatiques qui n’ont pas beaucoup de sens comme, par exemple, les tweets qui renvoient vers une galerie Facebook.

2. Ce n’est pas de la publication, c’est de la conversation

Les exemples précédents proviennent d’une erreur d’analyse : twitter, ce n’est pas de la publication, c’est de la conversation. Et, pour l’instant, on ne parle pas avec des robots mais avec des êtres humains, avec leur vocabulaire, avec leur sens de la concision, avec la recherche du message essentiel. Bref, une conversation, quoi. Le dessin ci-dessous illustre l’erreur qui consiste à prendre l’édition pour de la conversation.

dessin de l'édition prise par erreur pour de la conversation
Twitter, ce n’est pas (que) de la publication mais de la conversation.

3. Rester un être humain

Bref, il ne faut pas prendre twitter à la légère car c’est le bistrot de demain. Les journalistes fréquentent les lieux où sont les gens pour sentir l’air du temps, apprendre des choses, comprendre les réactions de leurs lecteurs. Demain, il y aura toujours des bistrots pour ça. Twitter ne va pas les remplacer mais il est un espace de discussion supplémentaire. Un consultant américain explique ça dans un slideshare (en anglais mais ça se comprend bien) accessible avec le lien ci-dessous.

Soyez humain sur twitter